dimanche 1 mars 2015

Bringing children like English people, easy !

Hi, Indians ! You want to come in England and you want to become a very british parent. That is for you.

Food, first. From 0 to 5 years, you must be careful to make them tall and taller. So you feed them with lots of adds : more calcium, more energy, more vitamins... Then you realise that they become big and bigger. So you feed them with lots of lights : coca light, light biscuits, light milk...
Autonomy, second. When your baby is becoming three, sent him at nanny's home. When he is becoming 2 years old, sent him at school. When your children becoming thirty years old, keep them at home. They are still young...
Third, activities. Goods parents have to make painting, drawing, dancing, crawling, jogging, reading and ridding with their children. Then, they have to go to the doctor saying : « I 'm worrying about my child. I think that he is suffering from hyperactivity. »

To be a modern parent, two things. First, mistakes. Second, repairing them. Easy, no ? So catch the plane !

lundi 7 novembre 2011

research


Roseline RABIN
Youth leader, researcher, MA, Roubaix, France
Identity Construction for Teenagers in Multicultural Situations
The identity questions raised by migrations do not only concern migrants. They also challenge the identities of those who do not leave their countries.
Starting form a corpus of tales told by storytellers from Black Africa to an audience of children and teenagers living in the French region of Nord-Pas-de-Calais, we propose to study how this type of event contributes to the identity construction of children from French families of old stock as well as children of various origins. This kind of performance involves a significant democratic stake: we shall examine the promises, limits and dangers of this stake as far as social cohesion and minorities’ rights are concerned.
This analysis will be based on the content of the texts, the way the storytellers interpret them, the audience’s response, the context in which they are told and the pedagogic use that can be made of the shows. My professional experience as a teacher and group leader in a social centre will also allow me to offer a view of the tale in a multicultural situation.

Biographical note
Franco-Indian Roseline Rabin works with children and lives in Roubaix, a city that gathers 80 nationalities. Her MA dissertation, entitled Incompréhension et séduction. La Part du mythe dans le conte en situation interculturelle, is accessible at the Institut International Charles Perrault. She has published tales (Littera) and research articles (Peter Lang...).

jeudi 3 novembre 2011

LE POINT SUR LES DROITS DES PATIENTS ATTEINTS DE TROUBLES BIPOLAIRES.


Le rouge, le noir. Le blues, l'espoir. Est-ce ma faute, si je suis l'un et l'autre ?
Certainement pas. C'est une maladie mentale appelée «troubles bipolaires». La loi protège les patients.

Le premier des droits, c'est être soigné. Car on peut mourir de cette maladie. Par suicide le plus souvent. Dans la phase dépressive, le patient peut réclamer le droit d’être hospitalisé.
Au quotidien,le juge des tutelles peut intervenir. Des proches ou des commerciaux peuvent abuser du malade pendant sa phase maniaque. Et le pousser à contracter des engagements financiers ou personnels contraires à ses intérêts. Il faut alors saisir le juge des tutelles. Diverses mesures de protection des biens et des personnes existent.
Au travail, c'est plus compliqué. Le code du travail protège bien les handicapés physiques. Plus difficilement les malades mentaux. Et encore moins ceux atteints de troubles bipolaires. L’aspect cyclique de la maladie ne permet pas de la faire inscrire comme handicap permanent. Les personnes affectées par le « double je » sont soupçonnées de jouer double jeu. Il est donc conseillé de se syndiquer et de potasser le code du travail.
S'il y a faux pas? Au civil comme au pénal, même principe. Non-lieu si la faute commise présente un lien avec un trouble mental. Pour les patients atteints de troubles bipolaires, il faut en outre démontrer que l'acte répréhensible a été commis pendant une phase active de la maladie. Cependant, le divorce peut être prononcé «pour altération de la santé mentale».Et le temps de l'hospitalisation judiciaire excède celui de la prison.
L'hospitalisation forcée existe toujours ? Oui, mais elle reste minoritaire. Si la police constate des troubles sur la voie publique, le préfet décrète une hospitalisation d’office (H.O.). Inquiet pour le malade, un proche peut rédiger une lettre d’hospitalisation sur demande d’un tiers (H.D.T.). Or, des doutes pèsent sur la bienveillance de l’entourage. Surtout s’il est à l'origine du mal L’une de ses causes est l’inceste. Un agresseur pourrait discréditer une victime en invoquant sa maladie réelle et d’autres sources de la pathologie. C’est pourquoi, la loi exige l’établissement de deux certificats médicaux rédigés par des praticiens n’ayant aucun lien entre eux, avec le patient, ses proches ou le directeur de l’établissement hospitalier. Enfin, sachez que toute personne internée contre son gré a le droit à un avocat et à un docteur de son choix.
R. Rabin
M2 métiers de la rédaction


Site utile :
www.argos2001.com

A paraître en janvier 2008
« J'ai des hauts et des bas », in A.I.V.I. [Ed.], Dialogues.


Roman du 2ème voyage (extraits)


Aux pères que j’ai cherchés, à ceux que j’ai trouvés.

Chapitre 1 :


On ne naît pas féministe, on le devient ; et cela touche aussi les garçons.
Mon fils rentre de l’école, les poings crispés, les gouttes de la révolte bouillonnant aux coins des yeux :
« La maîtresse, elle aime pas les femmes !
  • Ah bon ?
  • Oui, elle fait apprendre Au nom du père, du fils et du Saint Esprit. Et la maman ? Il y a la mère, au lieu du Saint Esprit.
  • Non, c’est ça.
  • Ah ? Mais il devrait y avoir la mère. Ca devrait être Au nom du père, du fils, et de la mère !
  • Tu as peut-être raison. Mais c’est comme ça.
  • C’est pas juste !
  • C’EST PAS JUSTE !
  • Oui, mais il y a une prière juste pour les mamans.
  • C’est quoi ?
  • C’est le Je vous salue Marie, Je vous salue Marie, mère de Dieu.
  • Mais la maîtresse, elle ne la connaît pas. La maîtresse, elle aime pas les mamans.
  • Mais si, elle la connaît.
  • Oui, mais elle la fait pas apprendre, parce qu’elle aime pas les femmes.
  • Elle le fera peut-être après. »

Le lendemain, nous allons voir la maîtresse, qui récite volontiers la prière à la Vierge ; et qui promet qu’elle la fera apprendre, que c’était prévu. La révolte de mon fils s’apaise, bien qu’il reste vigilant. Laissons-lui le soin d’enterrer ou de labourer ses colères ; de devenir, s’il le souhaite, l’homme qui défendra les mères.
Ici, c’est le récit d’un autre enfant et d’une autre colère : le nom de mon père, je l’ai oublié. Les religieuses l’ont supprimé, les mêmes qui m’ont enseigné Au Nom du père.
Mais ne crachons pas sur l’hostie.
« Enfant du soleil, ton destin est sans pareil , l’aventure t’appelle. N’attends pas et cours vers elle. Et le jour la nuit, avec tes deux meilleurs amis, à bord du grand condor, tu recherches les cités d’or. »
Moi, j’étais bien obligée d’attendre, car un billet d’avion, c’est plus cher qu’un condor. Mais l’aventure m’appelait. J’étais exaltée par mon destin sans pareil et un abîme se creusait entre moi et ceux qui s’apitoyaient sur cette douloureuse tentative de reconstruction d’une enfant du Tiers-Monde. Etre solaire dans un pays de brumes et de pluies, j’irradiais d’un incompréhensible bonheur.
Certains avaient tétés la vie au sein de leur mère, grand-mère ou nourrice ; d’autres aux pis des vaches, chèvres, juments ou chamelles ; d’autres encore aux mamelles des firmes industrielles. Tous avaient été biberonnés à la soupe audiovisuelle des mangas. Tous, enfants de la terre et enfants du cataclysme, avaient été élevés dans l’idée qu’il était impossible de vivre sans connaître ses origines. Aussi, ces demandes n’apparaissaient plus comme le fruit de revendications d’ingrats corrompus par le discours des immigrés, mais comme le résultat direct d’une éducation commune. Le Terrien ouvrit.
« Allô, maman, c’est Marie.
–Ah, Marie ! J’suis heureuse de t’entendre, ça va ?
  • Oh oui, ça va. Ca va très bien, même. Oh, maman, quel grand bonheur ; quel grand bonheur pour moi. Mon frère est mon frère, et je ne le savais pas.
  • Oui, ton frère est ton frère. Et il restera toujours. Moi, je suis ta mère. Excuse-moi si je t’ai blessée. Mais j’avais tellement peur, quand tu as dit que tu irais là-bas. Je serai toujours ta mère, malgré mes peurs et ma colère. Je suis ta mère, quoi qu’il arrive. J’te passe ton père. Il te dira la même chose. On t’aime.
  • Ca va, ma p’tite fille ?
  • Oui, ça va, très bien. Tu peux pas savoir comme je suis heureuse. Oh papa, quel grand bonheur, quel grand bonheur pour moi ; mon frère est mon frère, et il ne le sait pas !
  • Bien sûr qu’il le sait ! Il est plus que ton frère adoptif. Tu es sa petite sœur d’infortune. Vous venez du même orphelinat. Ta mère et moi, on voulait ça. Le moins de ruptures possible. Tu sais, ça ne l’embête pas que tu partes. Moi non plus, maintenant qu’on est sûrs que tu reviendras.
  • J’te parle pas d’ça. Passe-moi mon frère.
  • Marie, je t’aime. Je suis ton frère. J’ai pas voulu venir. J’ai pas envie, moi. Mais je respecte ton choix. Je t’ai toujours soutenue, même contre eux, tu t’en souviens ? Je serai toujours là pour toi, car tu es ma petite sœur.
  • Oh quel grand bonheur, quel grand bonheur pour moi. Mon frère, tu es mon frère, et on ne le savait pas.
  • C’est vrai, on ne se ressemble pas. Il n’y a que les étrangers pour prétendre le contraire. Mais on est une famille. Le sang n’a pas de sens. Bisous, soeurette, et prends soin de toi. »

Il y a des vérités qui ne se comprennent pas au téléphone. Je les laissais à leur inquiétude tandis que je nageais dans la plénitude.

« Nous sommes désolés, mademoiselle. Mais votre père vous a abandonnée. Notre fillette est décédée. Son père a signé un document pour qu’une femme-docteur puisse l’emmener. Elle était née avec une malformation cardiaque. Mais elle est morte là-bas. Cette dame n’a rien pu faire. Ce pauvre homme ! Il n’a même pas accompli les rites funéraires de sa fille. Si saviez comme il s’en veut ! Mais vous, maintenant, vous avez une famille…
  • Non !
  • Comment, non ?
  • Cette dame, c’est ma mère ! Et je ne suis pas morte, enfin, pas physiquement. Sans elle, je serai morte en Inde, à cause d’un problème au cœur …
  • Ils se sont toujours opposés à un voyage. Ils ont fini par accepter, mais quand j’étais partie, que je leur ai téléphoné.
  • Bon, donnez-nous une photo de vous. Repassez lundi. Si c’est vous, il sera là. »


Qui avait fait la déclaration de décès ? Des personnes qui abusent de leur pouvoir pour s’approprier un enfant, ne sont pas des parents, mais des ravisseurs. Je n’avais toujours pas de réponse concernant mon père, j’avais des doutes sur ma mère, et je me demandais si j’étais atteinte du syndrome de Stockholm. J’avais un grave problème au cœur, et personne pour m’opérer.

Contre...

Trois exercices d'argumentation réalisés dans le cadre des cours de master "métiers de la rédaction"(2007-2008)


Exercice 1 : Contre les vacances


Il y a des miracles qui sont des mirages. Prenons l’été 36. Après des millénaires d’exploitation de l’homme par l’homme, il était inespéré voire insensé d’oser imaginer : les congés payés. Comprenez : on allait passer de travailler pour rien à être payé pour rien ! Et la télévision de relayer les premières transhumances de bicyclettes vers la mer …
60 ans plus tard, les effets pervers de cette mesure sont flagrants. Des chapelets empestés de voitures encombrent les autoroutes de la consommation de voyages. Chez les écoliers, le savoir durement acquis s’évapore avant chaque rentrée. Il n’y a pas que le travail des enfants qui est gâché. En effet, en raison de la concurrence étrangère, le mois d’août ruine les usines désertées. Au contraire bondée, la plage devient le théâtre de la tyrannie du touriste-roi. Les couples se défont, le célibataire se morfond. Les têtes brûlées par un cancer à venir flirtent avec le sida. Et puis, il y a ceux qui restent… Cités dortoirs, vastes mouroirs. Il y a aussi ceux qui y sont restés. Abandonnés comme des chiens, les vétérans de mai 36 pourtant, ceux qui nous ont permis de vivre plutôt que de survivre, et que nous avons laissés périr parmi les vieillards de l’été 2002.
Pour remplir le vide de nos vies, pour une terre prospère et solidaire, réclamons l’abolition des congés payés.

Contre les animaux de compagnie


Ouvrez la cage aux oiseaux !


Mon maître, vous êtes un homme sensé. Vous qui m’avez baptisé Léopold, oseriez-vous prétendre qu’il existe de bons maîtres, que vous êtes un bon maître ?
Vous qui m’avez envoûté avec les vers de « Femme Noire », ne me mutilez pas. Depuis, je rêve de voltiger et virevolter avec une compagne multicolore que je sentirais vibrer.
Vous qui me lisez Les Cahiers d’un retour au pays natal, lâchez-moi. Car je veux prendre mon envol vers les terres ensoleillées de mon enfance.
Vous, qui m’avez fait répéter cette fable où un loup affamé refuse de sacrifier sa liberté à un dîner, pourquoi me retenez-vous prisonnier ?
Ouvrez la cage aux oiseaux. De chez vous à chez moi, mes ailes dessineront un arc-en-ciel de joie. Et quand j’aurai trouvé ma voix, je prendrai ma plus belle plume pour vous envoyer mon Discours de l’animalitude.

Léopold, le perroquet.

Contre la poupée Barbie.


Ken obtient le divorce et la garde.

Souliers de vair, robe en dentelles, la mariée était trop belle. Moins d’un an après leur union, Ken convoquait Barbie chez le juge : « Elle ne pense pas ; elle dépense ! Elle se pomponne toujours et ne pouponnera jamais. » Ken est débouté. Ventre et cervelle vides ne constituent pas une faute, d’autant que le mannequin souffre d’une anorexie l’empêchant d’être mère ! Secouée, Barbie prend du poids et des cours du soir. Le couple arrive à avoir un enfant …
Stupeur ! Ken demande à nouveau le divorce … pour altération de la santé mentale. Barbie souffrirait de graves troubles de la personnalité. A cause de ses problèmes identitaires, elle sortirait vêtue de toutes sortes de tenues folkloriques. Pire, il lui arriverait de jouer à la maîtresse ou au docteur, mettant en danger enfants et patients. Le rectorat et l’ordre des médecins gardent le silence. Pas les Power Ranger. Barbie les harcèlerait : « Elle dit à tout ce qui bouge Tu joues avec moi ? Et avec une voix de petite file, en plus ! C’est très pervers. »
La justice a tranché. Divorce aux torts de Madame, et résidence de l’enfant chez Monsieur.
Tintin.





lundi 9 mai 2011

Double je (article datant de 2008)

Ma peau est perméable au monde. Une joie, une peine. Et soudain me voilà pleine d'entrain ou songeant à ma fin.

J'AI DES HAUTS ET DES BAS
Jessie se sent invincible pendant deux
ou trois semaines. Puis d’un coup, elle
se sent minable. C’est diffi cile à gérer,
mais moins depuis qu’elle a posé un
diagnostic. Elle souff re du trouble bipolaire.
A l’origine de la bipolarité, un traumatisme. Pour Jessie, c’est
l’inceste. L’élément déclencheur : un fait marquant, mais qui
peut passer inaperçu. Car les symptômes de la maladie se
confondent avec ceux de la crise d’adolescence, du babyblues,
du deuil… Jessie se souvient d’un premier épisode
à l’adolescence : « Je présentais de sérieux troubles de la
personnalité pendant l’adolescence. Avec des hallucinations,
paranoïa exacerbée. Avec perte de mémoire. L’alcool servait
de prétexte à mes troubles. “Cependant, le diagnostic n’a été
établi que récemment”. Diffi cile à diagnostiquer, la maladie
s’installe insidieusement. Les petits riens qui font la vie
justifi ent les variations d’humeur du patient. Une réaction
excessive face à une situation réelle constitue un premier
indice : deuil trop long, intolérance particulière au stress…
On note généralement trois états successifs chez le sujet.
Lors de la phase maniaque, il est enchanté. En pleine forme
physique et intellectuelle, tout lui est possible ! Le risque : la
levée des inhibitions conduisant à des actes excessifs.
Il déchante lors de la phase dépressive. Pensées bloquées,
visage fi gé : c’est lui, méconnaissable. Parfois, entre les deux,
il profi te d’un instant de répit où il vit comme tout le monde.
Plus le temps avance, plus les crises sont fréquentes et aiguës,
surtout si le patient n’est pas soigné. Un dépistage précoce est
donc indispensable à la qualité de vie du malade, notamment
à son insertion professionnelle : “J’ai raté tous mes examens...
Un jour, j’arrivais à travailler...Le lendemain, je n’arrivais même
as à trouver la force de lire une page de cours!”. Les soins sont
à moduler en fonction de la phase maniaque, dépressive ou
dormante de la maladie. Et de sa progression, à enrayer. Par
ailleurs, apprendre à la gérer s’avère indispensable.
Car on ne guérit pas du trouble bipolaire. Les soins
existent. Le lithium et une bonne hygiène de vie pour
éviter les sources de stress sont incontournables. Des
analyses sanguines régulières permettent de vérifi er
que le taux de lithium dans le sang qui doit se situer
entre 0,6 et 1. D’autres traitements peuvent être
donnés en complément : “Je suis une psychothérapie
depuis 3 ans, c’est vraiment très bien. Mon psy
m’a fait arrêter les anti-dépresseurs prescrits par
mon généraliste car ils inhibaient totalement mes
émotions mais ne me permettaient pas d’aller mieux.
C’était pourtant très effi cace contre mes dépressions.
Mais de façon relative, car j’en faisais d’autres.” RR.
S’informer
Centre de toxicomanie et de santé mentale
http://www.camh.net./h
Association Argos 2001
http://www.argos2001.org
Centre des troubles de l’humeur Hôpital
Sainte-Anne Paris 01 45 65 83 67
8





lundi 18 avril 2011

Etre proche de ses élèves... et de leurs parents

J'ai eu un nombre incalculable d'enfants et j'en ai encore beaucoup.
Il y a ceux qui m'appellent Roseline, cousine, Mademoiselle ou Madame.
Il y a ceux qui me vouvoient ou me tutoient.
Il y a ceux qui me disent "bonjour" en français, en arabe, en anglais.
Il y a ceux qui me font la bise, qui me serrent la main, qui me font un "check" roubaisien, qui ne me touchent pas du tout.

Multipliez ce nombre incalculable d'enfants par des parents, des éducateurs, des grands-parents et des beaux-parents, des frères et soeurs... ça fait un nombre incroyable de gens qui me croisent tous les jours, qui me reconnaissent sans parfois même que je les connaisse.
Ajoutez à cela que les mignons bambins imberbes tendent à devenir des barbots parfois barbus et souvent imbuvables et méconnaissables
Ajoutez à cela, que, pas physionomiste pour deux sous, je dis "bonjour madame" quand je croise une glace...

Pour parer à ces difficultés, j'ai mis au point quelques techniques. Je parle aux inconnus plutôt que de risquer de froisser des gens connus. Je les laisse parler avant : ainsi j'adapte mes mots et ma gestuelle à leur langue et leur degré de familiarité.

Je croyais l'astuce imparable jusqu'au jour où je rencontre un homme au canal. A ses manières, j'en déduis qu'il s'agit d'une de ces connaissances minables mais non abominables que je côtoie dans cette boîte qui produit de la si bonne musique. Je m'avance donc pour lui faire la bise... Erreur, l'homme recule. Il me parle gentiment, puis s'en va... pour revenir m'observer à distance (Là, j'ai un peu peur, quand même. Peut-être qu'il vaut mieux ne pas parler aux inconnus même si ce sont des gens connus et que je ne reconnais pas). Mais il finit par partir.

Si les week-end commencent à s'ensoleiller, les semaines deviennent orageuses.

    Mon directeur ne me serre plus la main quatre fois par jour en m'appelant "Madame". Pire, il vient de me dire sur un ton sec "Mademoiselle, vous viendrez me voir après le cours".
    Au début de la séance, une fille - appelons-la Cunégonde -me montre son carnet de correspondance où figure un long message incendiaire de son beau-père, qui exige un rendez-vous.
     A la fin de la séance, je cherche mon directeur, qui, voulait me voir. Là, j'apprends que le beau-père en question a appelé et a joué du violon auprès de ce défenseur de la veuve et de l'orphelin. Il me dit qu'il assistera au rendez-vous car il ne "veut pas de clash avec la famille". Le ton monte et je lui dis qu'il a intérêt à assister au rendez-vous, sinon, il y aura "un clash avec la famille" car je n'ai pas aimé la lettre passionnelle que je viens de recevoir.  Je sors alors ma cape de super-roseline-madamerabin, celle que j'avais en U.P.I. et ailleurs (souvenez-vous, elle était bleue).  Du coup, le directeur s'adoucit et me promet de venir avec moi sauver le monde, ou du moins la scolarité de Cunégonde.

         Pour prendre le rendez-vous, j'appelle sur le portable de Monsieur. Une voix de femme : "Nous sommes ensemble depuis 5 ans et nous sommes très amoureux. Si tu es une ex., ce n'est pas la peine de rappeler." Après plusieurs appels, où Madame me dit qu'elle est la mère mais que c'est le beau-père qui viendra, j'ai Monsieur, qui me fixe une date.
    Pas très rassurée par la double contrainte - si ça se passe mal, Monsieur me frappe et si ça se passe bien Madame me griffe-  je laisse un mot au secrétariat, j'envoie un mail et je demande verbalement à mon directeur d'être présent à l'entretien.

         Peu de temps avant le jour fatidique, Cunégonde me dit : "Mon papa - c'est ainsi qu'elle appelle Monsieur- m'a dit que je devais assister à l'entretien mais M. Don Quichotte(appelons-le ainsi) m'a dit de ne pas venir. Qu'en pensez-vous ? " Nouvelle double contrainte. Je dois trancher entre son père et notre directeur. N'écoutant que ma lâcheté, je lui réponds : "Les deux points de vue se défendent. Faites comme vous voulez." Et je m'échappe, sauvée par le gong de l'internat.

        Arrive le jour du tête-à-tête tant attendu... et pas de directeur en vue. Heureusement, je vois une dame, Cunégonde, en plus vieille. Les choses semblent rentrer dans l'ordre, la mère vient pour sa fille. Ravie, je lui serre la main, quand mon regard croise celui de l'homme qui l'accompagne...
        Il me semble le reconnaître. Il ressemble à l'homme du canal. Cette fois-ci, je n'ose même pas lui serrer la main ou lui parler. Mes yeux scrutent aussitôt ceux de Madame. Est-elle venue veiller sur sa fille ou surveiller son mari ?
    Je cherche dans le vide du couloir mon directeur, qui semble m'avoir oubliée... J'hésite. Prendre mes jambes à mon cou, ou aller frapper à son bureau pour qu'il vienne, quitte à le supplier à genoux ?

       Le directeur arrive tranquillement, et nous invite à nous asseoir tous trois dans le bureau. Il donne la parole à Madame en premier. Celle-ci glisse immédiatement qu'ils sont ensemble depuis cinq ans, et heureux... Je prends alors la main de mon directeur et je dis : "Nous, ça fait deux mois" (Là, c'est un fantasme personnel depuis qu'une sale gosse de la même classe que Cunégonde m'a dit que mon beau gosse de patron allait "me niquer"). Mais revenons au monde sérieux de la réalité. L'entretien se passe plutôt bien, et il y a aucune allusion à notre première rencontre. Pourtant, Christelle, si à l'I.U.F.M. on apprend à distinguer les parents d'élèves des mecs croisés en boîte, je crois que je vais m'inscrire.