vendredi 5 mars 2010

Charmantes séries


“Desesperates Housewives”,  “Sex in the City” … des séries impensables avant. Une révolution …
Avant, les séries, il y avait vraiment de quoi désespérer. Elles préparaient les jeunes filles et conditionnaient les femmes à accepter leur rôle d’épouse et de mère. La ménagère de moins de cinquante ans qui regardait Ma Sorcière bien-aimée en oubliait qu’au quotidien, son balai à elle, était loin d’être magique.
Maintenant, l’enchantement des sorcières de Charmed est produit par des pouvoirs occultes autant que par des appâts visibles et palpables. Car c’est dit : « Mon corps est à moi, j’en use quand je veux, et aussi longtemps que je veux. » En effet, la sexualité n’est pas réservées aux pulpeuses adolescentes. Dans Sex in the City, des amies de tous âges, y compris une séductrice de plus de cinquante ans, la revendiquent. Passées de proies à prédatrices, les femmes jouissent sur un terrain jusque-là réservé à la gent masculine. Par ailleurs, la tiédeur rassurante du foyer s’enflamme dans un des épisodes de la brûlante Desesperates Housewives.
Nos hommes l’ont compris : on préfère balancer nos hanches plutôt que de balayer le plancher, et embrasser au lieu de bercer. Alors mesdames, dites à votre chéri de garder les enfants du 13 au 15 octobre, vous serez à Aix-les-Bains, car c’est le festival Scénaristes en séries.

SERIES CULTES

De notre temps, c’était la prière. Maintenant, le rituel du coucher, c’est les séries cultes…

Plus Belle La Vie, Père et maire, Louis la brocante tiennent lieu et place de bénédiction du repas ou de prière du soir. Mais on aurait trop vite fait de condamner ces séries devenues incontournables.
On croyait les jeunes immoraux et enclins au plaisir immédiat. Dans Plus Belle La Vie, la belle Nirina, qui prône l’abstinence avant le mariage, est une adolescente comme les autres, qui a des amies et un petit ami. Pour les aînés, l’image du religieux dans les séries a changé. La sœur survoltée, qui roule de façon irresponsable au secours de Louis de Funès, est remplacée par le tranquille Louis la brocante, au véhicule tout aussi serein que son propriétaire. Les serviteurs de Dieu y gagnent en crédit. C’est pourquoi, contrairement à Don Camillo, ils ne s’épuisent plus en chamailleries stériles contre l’Etat. En effet, Père et maire veillent désormais ensemble sur une même famille. Mieux, dans La Petite Mosquée dans la prairie, c’est le curé qui milite pour l’installation de l’imam au sein même de sa paroisse. Terminés les catholiques hilarants ou effrayants.
Si vous voulez mieux comprendre ce phénomène, la ville d’Aix-les-Bains propose le festival Scénaristes en séries, du 13 au 15 octobre. Vous pourrez poser des questions, et voir en quoi les voies de Dieu peuvent être audiovisuelles…

Rat-finé

On aime les cinés-goûters du Fresnoy, le troisième dimanche de chaque mois. Se retrouver en famille autour d'un film d'animation de qualité suivi d'un petit goûter. La version pour enfants des séances de cinéma suivies de débat. Titiller les papilles pour éduquer les pupilles1 ...
On s'est régalé avec Ratatouille, film d'animation américain de Brad Bird. La bouche ouverte, on suit les aventures de Rémy, petit rat qui rêve de devenir grand chef, pendant presque deux heures. Au menu, tous les ingrédients du conte initiatique ; notamment une scène prenante où Rémy risque de se noyer. Cette immersion va lui permettre de renaître sous une nouvelle identité. En effet, son goût pour la cuisine a causé sa perte et celle des siens. Ils doivent s'enfuir. Rémy, qui voulait à tout prix récupérer le livre de cuisine, arrive trop tard, et se perd dans les égoûts. Survivre à ces épreuves ne le dégoûte pas de la table des hommes. Au contraire. Des égoûts au bon goût2, on ne vous en dit pas plus...
On a dégusté ce moment proustien rien que pour les adultes, où le terrible critique à l'allure de croque-mort3 pose une bouchée de vulgaire ratatouille sur sa langue,et où, tout à coup, il retrouve le goût de la vie ; cette vie, que sa mère lui a donnée, et qu'il trouvait si injuste, un jour grisâtre de pluie où son coeur coulait à flots des larmes salées que la ratatouille, ensoleillée et colorée de sa mère, a vite assechées.4
On a savouré penser à ce petit film d'animation en présence d'autres critiques, ceux conviés au colloque Savoir et saveurs. Tout y est : Rabelais, le maniérisme et La Fontaine. La communauté des rats mange selon la diététique du pauvre : alternances de jeûnes et de carnaval. Rémy, lui, tente d'accèder à celle des aristocrates, les hommes. Le maniérisme. La soupe de Rémy obtient du succès grâce à la pincée d'exotisme de la cannelle. Sa ratatouille est présentée avec un souci esthétique. Héritière des préceptes d'Augusto, elle a le goût de l'Italie. Et aussi de la campagne : Rémy, le rat des champs, impose des plats rustiques et simples.Enfin, saveurs et savoirs sont indissociées chez les hommes comme chez les rats. Pour le méchant chef cuisinier, l'apprenti-idiot sait forcément qu'il est le fils d'Augusto, puisqu'il sait cuisiner. Quant au frère de Rémy, il est choqué autant par le savoir-lire que par le savoir-cuisiner.

KD2A

Karrément déconseillées aux adultes deux fois, les séries d’aujourd’hui.
Cœur océan, Saint-Exupéry, les séries de KD2A et les autres sont carrément à déconseiller aux adultes.
D’abord, parce qu’ils seraient jaloux. Les pauvres ont subi Hélène et les garçons, bruit et gribouillis compris ! « C’est trop injuste ! », diraient-ils, s’ils voyaient le graphisme de Cœur océan et entendaient la musique de Saint-Exupéry,
Ensuite, parce qu’ils auraient du mal à comprendre. C’est vrai, ils ne sont pas encore séniles. Juste un peu débiles. Des années à comater la télé, sa poupée Barbie flanquée d’une copine moche, son Ken au corps d’athlète suivi du pote bébête collé à ses baskets, sans oublier le bougnoule de service qui broie du noir à cause du racisme, ont rongé leurs neurones à mort… Ils capteront jamais que la star dans Le Destin de Lisa est le cageot à lunettes !
Et surtout, ils ne voudraient pas comprendre. Avant, on bavait sur les premiers baisers et le carnet faisait flipper. Désormais, par amour, la fille se prend la tête avec le paternel violent de son mec tandis que le gars hésite à sauter le pas car sa nana a subi ça … Trop dures les séries ? Peut-être pour les parents. Les ados adorent. Et pour les accros, ne manquez pas le festival Scénaristes en séries, du 13 au 15 octobre, à Aix-les-Bains !

Ken obtient le divorce et la garde.

Souliers de vair, robe en dentelles, la mariée était trop belle. Moins d’un an après leur union, Ken convoquait Barbie chez le juge : « Elle ne pense pas ; elle dépense ! Elle se pomponne toujours et ne pouponnera jamais. » Ken est débouté. Ventre et cervelle vides ne constituent pas une faute, d’autant que le mannequin souffre d’une anorexie l’empêchant d’être mère ! Secouée, Barbie prend du poids et des cours du soir. Le couple arrive à avoir un enfant …
Stupeur ! Ken demande à nouveau le divorce … pour altération de la santé mentale. Barbie souffrirait de graves troubles de la personnalité. A cause de ses problèmes identitaires, elle sortirait vêtue de toutes sortes de tenues folkloriques. Pire, il lui arriverait de jouer à la maîtresse ou au docteur, mettant en danger enfants et patients. Le rectorat et l’ordre des médecins gardent le silence. Pas les Power Ranger. Barbie les harcèlerait : « Elle dit à tout ce qui bouge Tu joues avec moi ? Et avec une voix de petite fille, en plus ! C’est très pervers. »
La justice a tranché. Divorce aux torts de Madame, et résidence de l’enfant chez Monsieur.
Tintin.