jeudi 3 novembre 2011

Contre...

Trois exercices d'argumentation réalisés dans le cadre des cours de master "métiers de la rédaction"(2007-2008)


Exercice 1 : Contre les vacances


Il y a des miracles qui sont des mirages. Prenons l’été 36. Après des millénaires d’exploitation de l’homme par l’homme, il était inespéré voire insensé d’oser imaginer : les congés payés. Comprenez : on allait passer de travailler pour rien à être payé pour rien ! Et la télévision de relayer les premières transhumances de bicyclettes vers la mer …
60 ans plus tard, les effets pervers de cette mesure sont flagrants. Des chapelets empestés de voitures encombrent les autoroutes de la consommation de voyages. Chez les écoliers, le savoir durement acquis s’évapore avant chaque rentrée. Il n’y a pas que le travail des enfants qui est gâché. En effet, en raison de la concurrence étrangère, le mois d’août ruine les usines désertées. Au contraire bondée, la plage devient le théâtre de la tyrannie du touriste-roi. Les couples se défont, le célibataire se morfond. Les têtes brûlées par un cancer à venir flirtent avec le sida. Et puis, il y a ceux qui restent… Cités dortoirs, vastes mouroirs. Il y a aussi ceux qui y sont restés. Abandonnés comme des chiens, les vétérans de mai 36 pourtant, ceux qui nous ont permis de vivre plutôt que de survivre, et que nous avons laissés périr parmi les vieillards de l’été 2002.
Pour remplir le vide de nos vies, pour une terre prospère et solidaire, réclamons l’abolition des congés payés.

Contre les animaux de compagnie


Ouvrez la cage aux oiseaux !


Mon maître, vous êtes un homme sensé. Vous qui m’avez baptisé Léopold, oseriez-vous prétendre qu’il existe de bons maîtres, que vous êtes un bon maître ?
Vous qui m’avez envoûté avec les vers de « Femme Noire », ne me mutilez pas. Depuis, je rêve de voltiger et virevolter avec une compagne multicolore que je sentirais vibrer.
Vous qui me lisez Les Cahiers d’un retour au pays natal, lâchez-moi. Car je veux prendre mon envol vers les terres ensoleillées de mon enfance.
Vous, qui m’avez fait répéter cette fable où un loup affamé refuse de sacrifier sa liberté à un dîner, pourquoi me retenez-vous prisonnier ?
Ouvrez la cage aux oiseaux. De chez vous à chez moi, mes ailes dessineront un arc-en-ciel de joie. Et quand j’aurai trouvé ma voix, je prendrai ma plus belle plume pour vous envoyer mon Discours de l’animalitude.

Léopold, le perroquet.

Contre la poupée Barbie.


Ken obtient le divorce et la garde.

Souliers de vair, robe en dentelles, la mariée était trop belle. Moins d’un an après leur union, Ken convoquait Barbie chez le juge : « Elle ne pense pas ; elle dépense ! Elle se pomponne toujours et ne pouponnera jamais. » Ken est débouté. Ventre et cervelle vides ne constituent pas une faute, d’autant que le mannequin souffre d’une anorexie l’empêchant d’être mère ! Secouée, Barbie prend du poids et des cours du soir. Le couple arrive à avoir un enfant …
Stupeur ! Ken demande à nouveau le divorce … pour altération de la santé mentale. Barbie souffrirait de graves troubles de la personnalité. A cause de ses problèmes identitaires, elle sortirait vêtue de toutes sortes de tenues folkloriques. Pire, il lui arriverait de jouer à la maîtresse ou au docteur, mettant en danger enfants et patients. Le rectorat et l’ordre des médecins gardent le silence. Pas les Power Ranger. Barbie les harcèlerait : « Elle dit à tout ce qui bouge Tu joues avec moi ? Et avec une voix de petite file, en plus ! C’est très pervers. »
La justice a tranché. Divorce aux torts de Madame, et résidence de l’enfant chez Monsieur.
Tintin.





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